Héloise LEPRÊTRE / BTS Métiers de la mode Vêtements
Comment définis-tu ton métier de créatrice de mode en lingerie ?
En quelques mots, mon métier consiste à penser, à dessiner et à réaliser des modèles de lingerie tout en m’adaptant aux attentes de mes clientes. Répondre au mieux à leurs envies tout en les conseillant jusqu’à obtenir un produit final.
Quelles furent les étapes clés de ton parcours scolaire et professionnel ?
En 2013, j’obtiens mon bac général et j’intègre dès l’année suivante une année préparatoire en école d’art à Nantes. J’ai passé toute cette année assise avec un carnet à dessin sur les genoux à reproduire tout ce que je pouvais voir devant moi. Avec le recul aujourd’hui, c’est l’année où j’ai le plus appris de chose sur ma manière de travailler, mes envies et sur moi-même. L’année suivante, c’est encore un gros changement qui m’attend car je quitte ma région natale pour venir étudier la mode à Toulouse. Pendant ces 2 années de BTS au Lycée Myriam en plus d’enrichir mon savoir-faire en couture, je fais beaucoup de rencontres qui aboutissent à des projets artistiques divers et variés. Création de graphisme & et costume pour des court- métrages, maquillage effet-spéciaux, scénographie, photographie, tout ce que je pouvais faire je le faisais. Mon BTS en poche, je trouve du travail pour une durée de 2 mois à l’école militaire de Saint Cyr en Bretagne. Là-bas, on me forme pour devenir chapelière et responsable de la réalisation des chapeaux de cérémonie de la garde de saint Cyr. Une expérience professionnelle marquante et extrêmement riche en savoir-faire. Malgré tout, je décide de consacrer une dernière année à ma formation de couturière en intégrant un CAP MMV en 1 an.
Comment est né L’accroche-cœur ?
Il y avait déjà eu des tentatives de création de petites entreprises en BTS mais j’avais encore du mal à me fixer un objectif concret. Ce sont des rencontres professionnels qui ont fini par me forger. En décembre 2016, j’effectue mon stage obligatoire de CAP chez une créatrice de robe de mariée. Déjà à son compte depuis 4 ans, elle m’a pris sous son aile et m’a donné l’impulsion dont j’avais besoin. Je rencontre alors, des créateurs dans tous les domaines. C’est suite à cette année que je décide de lancer L’accroche cœur. Ce qui m’attire le plus dans l’entreprenariat, c’est le fait de pouvoir être seul maître de ses créations, la liberté est presque totale. Bien évidemment, ce n’est pas un projet sans risques, vous pouvez très vite être submergé par la masse de travail à produire et perdre le fil ou bien perdre votre fil conducteur. Il faut s’accrocher, être patient et garder son professionnalisme jusqu’au bout.
Comment décrirais-tu tes créations ? Quelles sont tes sources d’inspirations ?
J’ai plutôt tendance à décrire mes créations comme très simple. J’aime mélanger des coupes vintage et utiliser des matières modernes avec souvent des couleurs pétantes. Je mets un point d’honneur à ne pas utiliser d’armature dans ma gamme prêt-à-porter. Mes sources d’inspirations sont très larges. Tout autour de moi peut devenir source d’inspiration. De la musique que j’écoute, des films que je regarde, des tableaux que je voie, des villes que je visite… L’inspiration est partout. Je suis beaucoup attirée par les éléments de la « Pop culture », je fais partie d’une génération qui a eu un accès quasi illimité à la culture mondiale. Je prends à parti cette chance et j’essaie de retranscrire ça dans mes créations.
Peut-on dire que la lingerie représente l’expression la plus intime du style d’une femme ?
Bien sûr ! On a tendance à penser que la lingerie que l’on choisit de porter est destinée à plaire à une personne extérieure. Je préfère penser que si l’on choisit un style de lingerie c’est d’abord pour se faire plaisir soi-même, se sentir bien et en accord avec le style que l’on décide de représenter.
Tu as choisi de proposer à la fois du prêt-à-porter et du sur-mesure, pourquoi ?
Si j’ai choisi de proposer ces deux gammes de créations c’est parce que j’estime pouvoir répondre à une clientèle plus large. Le prêt-à-porter touche une clientèle de femme entre 18 et 30 ans qui souhaite s’offrir de la lingerie de créateur fait main à un prix abordable, c’est-à-dire se faire plaisir sans trop se ruiner. J’essaye de trouver un juste milieu entre des prix abordables et des créations de qualité. Ce n’est pas toujours évident car il faut prendre en compte plusieurs facteurs. La gamme sur-mesure vise elle une clientèle de femme entre 30 et 50 ans qui souhaite porter de la lingerie unique, à leur image et qui s’adapte parfaitement à leur morphologie. C’est aussi l’occasion pour elles de porter la lingerie de leurs rêves, pour un voyage de noce par exemple.
Que recherchent tes clientes qui viennent pour du sur-mesure ? Qu’est-ce que tes clientes te demandent le plus souvent ?
Je pense qu’elles cherchent quelque chose qu’elles ne trouveront pas ailleurs. Aujourd’hui, beaucoup de femme sont déçus de la lingerie qu’elles peuvent trouver en magasin. Ce n’est jamais parfaitement adapté à leurs courbes et cela peut transformer un simple soutien-gorge en un instrument de torture. J’essaye, à travers des créations sur-mesure, de leur redonner goût à la lingerie et leur permet d’accepter leur morphologie quel que soit leurs mensurations. En général, mes clientes veulent de la lingerie dans laquelle elles se sentent à l’aise, confortable. De la lingerie qu’elles peuvent porter tous les jours en somme. J’ai aussi des demandes pour de la lingerie de jeune mariée, une façon de rendre encore plus unique ce moment en portant non seulement la tenue leur rêve pour leur mariage mais aussi de la lingerie unique.
Ta démarche est-elle féministe ?
Je pense qu’elle l’est ! Etre femme et vouloir porter les vêtements que l’on veut, c’est un sujet qui existe depuis bien longtemps mais qui n’est malheureusement pas encore acquis pour tout le monde et c’est bien dommage.
Où peut-on trouver tes collections ?
Mes collections sont disponibles chez Haut les Mains, une boutique de créateurs de la région en plein centre-ville de Toulouse. L’accueil est très chaleureux et les créateurs ont tous un univers différents. J’ai également un site internet où l’on peut directement acheter la lingerie en ligne et plus récemment j’ai aussi ouvert une boutique en ligne sur la plateforme Etsy, pour ouvrir mon champ de vente à l’international.
Comment imagines-tu l’avenir pour L’accroche-cœur ?
J’envisage plusieurs choses : Quitter l’entreprenariat et créer une SARL afin de travailler avec des couturières. J’aimerais également élargir la gamme sur-mesure et proposer de la création de costume pour des danseuses de cabaret ou des artistes performeurs. Ouvrir une boutique showroom serait idéal afin d‘accueillir mes clientes. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir mais j’envisage l’avenir avec beaucoup d’excitation.


Marie SIKIC / Bac pro Métiers de la mode Vêtements
Depuis quand es-tu attirée par la mode/la création et quand t’es tu lancée dedans ?
Dès l’adolescence, je m’amusais à transformer mes vêtements avec les moyens du bord, je ne savais pas coudre mais j’utilisais des épingles à nourrice, je coupais les manches ou bien j’agrémentais mes tenues de foulards ou de morceaux de tissus autour des hanches par exemple. J’ai toujours été attirée par les vêtements de seconde main : très jeune j’allais déjà en dépôts-ventes ou au secours populaire avec ma mère et c’est l’idée de dénicher le vêtement que personne n’aurait qui me plaisait. L’idée aussi de ne pas forcément trouver à chaque fois quelque chose d’intéressant, la frustration fait partie des émotions que connaissent bien tous les chineurs.
Marie SikicTe former dans le métier de la mode n’a pas été simple. Peux-tu nous raconter ton parcours scolaire et professionnel ?
Après un bac général, un BTS diététique et quelques années d’errance professionnelles, c’est grâce aux conseils de ma sœur et de ma très proche amie Laure que j’ai réalisé que ce qui était un passe-temps pouvait devenir mon métier.
J’ai alors décidé de tenter le CAP prêt-à-porter pour apprendre à coudre dans un premier temps. Ayant déjà un niveau bac, il n’a pas été facile de faire comprendre à la société, que non je voulais pas aller en BTS tout de suite, je voulais faire les choses dans l’ordre qui me paraissait le plus logique : apprendre à se servir de ses mains et des machines à coudre avant de prétendre à concevoir des vêtements avec un ordinateur.
Grâce au lycée Myriam, j’ai pu valider ce CAP en 1 an et le BAC PRO Mode-Vêtement en 1 an à la suite. Lors des stages, j’ai découvert le métier de modéliste qui m’a donné envie de continuer mes études.
Je suis donc partie à Nîmes pour enchaîner sur le BTS Mode-Vêtement et la licence professionnelle en alternance Création, conception et développement de produits textiles et dérivés.
J’ai fait cette alternance en tant que modéliste chez Teddy Smith à Albi, cette première expérience dans l’industrie de l’habillement a été révélatrice : la réalité était éloignée des programmes scolaires, j’ai eu du mal à trouver du sens à mon travail…
Ensuite, c’est en tant que coordinatrice de production que j’ai été embauchée chez Cacharel à Paris. Un poste hyper diversifié et très formateur, le service production est central dans une entreprise : j’étais en lien avec le style, l’atelier, la comptabilité, les commerciaux, le PDG de l’entreprise mais aussi les fournisseurs (tissus et toutes les fournitures) et les façonniers (entreprises qui s’occupent de réaliser les patrons, les prototypes et de faire fabriquer les séries de modèles dans des ateliers en Europe).
Tu as beaucoup globe-trotté. Est-ce pour cela que ta marque s’appelle « adroite à gauche » ?
Oui, Adroite à gauche c’est à la fois le clin d’oeil à ces étapes géographiques de ma vie qui m’ont fait grandir mais dans cette expression il y aussi la notion d’aller au hasard, sans discernement, c’est un peu comme ça que je crée : je me laisse porter par les trouvailles, par les formes, je tente, je défais et je refais. C’est comme ça qu’on chine aussi : « en cherchant à droite à gauche ».
Adroite à gauche, veut aussi dire « pas si maladroite de ma main gauche ! ». Je suis gauchère, le mot gauche signifie d’ailleurs maladroit et encore beaucoup de personnes ont cette perception des gauchers, j’ai eu ce genre de réflexions en stage de couture par exemple.
Pourquoi avoir choisi de travailler des tissus recyclés ?
Aujourd’hui le monde est déjà engorgé par les textiles produits par la fast-fashion, tout va trop vite, les volumes sont énormes et la majorité des gens consomment la mode à très bas prix sans de poser aucune question. Utiliser des vêtements recyclés (les porter ou les utiliser comme matière première) est une manière de court-circuiter ce système et de sensibiliser les gens au fait qu’un vêtement peut avoir une histoire, plusieurs vies, il permet d’être unique quand on le porte.
Marie Sikic CoussinsQuelle est la difficulté lorsque l’on travaille à partir de textiles recyclés ?
Créer à partir de vêtements existants c’est se rajouter des contraintes, il faut bien observer le vêtement avant d’envisager quoique ce soit : n’est-il pas tâché, troué ou trop bouloché ? Mais c’est justement ces contraintes qui peuvent donner des idées : ce tee-shirt à des motifs magnifiques mais il est jauni sous les bras, pourquoi pas en faire un bustier pour prolonger encore un peu sa durée d’utilisation par exemple.
Et puis avec les textiles recyclés pas le droit à l’erreur, on n’a qu’une chance d’arriver à ce qu’on veut, pas de prototype, pas d’essai possible, il faut oser et ne pas avoir peur de se tromper.
Où peut-on acheter ta collection ?
Je ne travaille pas sous forme de collection à proprement parler pour l’instant, j’essaie parfois de faire des mini-séries ( blanc/crème/dentelles/broderies anglaises par exemple). Je crée aussi des accessoires avec les chutes de mes autres productions pour minimiser au maximum mes déchets. J’aime aussi travailler la toile de jute recyclée.
https://www.facebook.com/Adroiteagaucheupcycling
https://www.etsy.com/fr/shop/Adroiteagauche
https://www.instagram.com/adroite_a_gauche
Tu es hébergée dans une couveuse d’entreprise. En quoi consiste précisément ce dispositif ?
La couveuse d’entreprise permet de tester son projet dans un cadre légal, dans les conditions réelles du marché. Concrètement, elle accompagne, au moyen de rendez-vous personnalisés ou de formations collectives, un porteur de projet pour lui apprendre le métier d’entrepreneur. Immatriculer une micro-entreprise est très simple mais gérer son entreprise n’est pas simple. C’est un dispositif que je conseille à tout le monde, l’accompagnement est une étape importante pour poser les bases de son activité, pour prendre le temps de se poser les bonnes questions.
Quelles sont tes ambitions pour l’avenir ?
En ce moment je travaille sur un projet de boutique éphémère avec d’autres artisans-créateurs, elle sera éphémère pour le moment mais je rêve de pouvoir ouvrir une boutique-atelier dans laquelle je donnerais aussi des cours de couture axés sur l’upcycling.
Quels conseils donnerais-tu à un étudiant voulant devenir styliste ?
Je n’ai pas fait ce cursus mais j’ai eu l’occasion de fréquenter des stylistes, ce qui m’a marqué chez eux est leur singularité, la faculté qu’ils ont d’être eux-mêmes et de cultiver leurs différences. Mon conseil serait : restez ouverts, réceptifs à tout ce qui vous entoure, tout peut être inspirant tout est question de point de vue.


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Le site de la Cadène est dédié aux enseignements professionnels et techniques de la filière Métiers de la Mode et du Vêtements. Il accueille notamment les ateliers de couture…